En 1947 le législateur a confié la gestion de la filière aux éditeurs.
Le temps passant, aux éditeurs de quotidiens se sont associés un grand nombre d’éditeurs de magazines, bénéficiant des mêmes avantages(notamment le taux ultra-réduit de TVA). Dans ces années prospères la majorité des éditeurs n’a pas vu d’inconvénient à déléguer la gestion de la filière aux principaux d’entre eux. Eux-mêmes n’ont pas souhaité s’occuper de la logistique, déléguant cette activité secondaire à leurs yeux, à la messagerie Presstalis chargée de s’occuper
des problèmes d’intendance. Tant que ses dysfonctionnements n’affectaient que l’aval de la filière et que l’Etat maintenait l’équilibre financier il n’y avait aucune raison pour s’impliquer davantage.
Le développement du numérique a considérablement modifié cet équilibre. Le frein à la concurrence entre éditeurs, instauré par la Loi Bichet, a soudain disparu, détruisant la convergence d’intérêts entre ces éditeurs dont les modèles économiques divergent. L’appréciation de l’utilité du réseau s’en est trouvée totalement modifiée et différente dans l’esprit des éditeurs suivant leur taille.
Nous en sommes là.
C’est désormais une équation à quatre variables qui doit trouver sa solution.
Côté éditeurs (1 et 2), un nouvel équilibre doit voir le jour,traduit par une nouvelle représentation.
L’Etat doit également se positionner (3).
Et les marchands (4), moins passifs qu’auparavant, doivent défendre leur place dans ce nouveau contexte.
Le papier ne disparaîtra pas. Une nouvelle répartition entre les différents supports à disposition est en train de voir le jour. On en connait déjà les contours. Reste à négocier le meilleur équilibre pour tous les acteurs.
Actuellement les acteurs historiques jouent leur partition (Les majors reprennent la direction de Presstalis). L’AADP pour les marchands, soutenue par de nombreux acteurs de la profession, y compris de plus en plus d’éditeurs qui prennent conscience du risque qu’ils courent à ne pas réagir, tente d’obtenir le soutien de l’Etat pour équilibrer la négociation. L’objectif est de
préserver l’indépendance de la presse et, subsidiairement, les emplois des marchands qui la garantissent. Mais au-delà de ce premier dessein, l’avenir de la filière repose sur l’exploitation de nouvelles synergies entre ses acteurs. De l’intérêt commun dépend le dynamisme qui permettra à la filière d’affronter les évolutions auxquelles elle sera confrontée.
Reste à définir ces intérêts communs et à mettre en place le nouvel organe de gestion de la filière qui en assurera la pérennité, en toute indépendance, sous le contrôle de l’Etat.
Ce nouvel équilibre à trouver dépendra de l’implication des éditeurs eux-mêmes.
Pas des majors qui sont bien au fait des enjeux, mais de tous les autres, plus ou moins dépendants, plus ou moins inquiets et plus ou moins conscients de l’enjeu pour la survie de leurs entreprises. Ils sont toutefois éclairés par le projet « supérettes » et la mise en évidence des « remises arrières » consenties aux majors par les messageries.
Il dépendra également de l’implication des marchands et notamment du rôle que pourra tenir l’AADP dans la filière. Nous oeuvrons en ce sens et sentons naître le soutien qui nous permettra d'initier les réformes nécessaires.
A suivre.
En résumé :
L’Etat a délégué le pouvoir aux éditeurs en1947.
Les éditeurs ont délégué le pouvoir aux majors.
Les majors l’ont délégué aux messageries.
Le numérique a bouleversé les équilibres.
Une réorganisation va voir le jour.
Les majors tentent de garder la main en reprenant la direction de Presstalis.
A nous de nous montrer présents maintenant.
Si tu veux la paix, prépare la guerre.