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AADP pour l'avenir des diffuseurs de presse

Après Caraktère . . . qui sera le prochain ?

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Caraktère l'éditeur de LOS, Ligne de Front, TNT, Batailles et Blindés, Aéro Journal, c'est fini !


Sur la page Facebook de l'éditeur: 

Mes amis, chers lecteurs,

En tant que fondateur et dirigeant des éditions Caraktère, c’est à moi que revient le douloureux privilège de vous annoncer que la société cessera ses activités dans les prochaines heures ; après l’audience de ce lundi au tribunal de commerce de Marseille (là où elle est née le 6 juin 2003) Caraktère n’ira pas plus loin.

L’entreprise n'est plus en mesure de poursuivre son aventure, la chute vertigineuse des ventes qui a touché le monde de l'édition durant cet été a rendu vain toute tentative de redressement. C'est donc avec une immense tristesse que je vous annonce la fermeture prochaine de notre site internet et de la société. La prise de commandes est désormais impossible. Plus aucun magazine ne paraîtra, et nous ne savons pas si un éventuel repreneur se manifestera. Nous servirons un maximum de commandes aujourd’hui. Certaines commandes (abonnements) ne seront pas prises en compte, pour éviter de vous faire dépenser de l’argent pour rien. D’autres l’ont été, nous ne pouvions pas faire autrement à ce moment-là.

Fortement touchée par la catastrophe de la faillite de Presstalis en 2017, puis celle d’Export Press, puis la crise sanitaire du Covid, Caraktère a toujours réussi à faire face. Pareillement, la société a été capable d’absorber les hausses délirantes de papier et d’énergie en 2021-2022 ainsi que les taxes stupides et injustes imposées par l’État à travers l’ARCEP, mais le coup fatal aura été porté sur le front intérieur : le durcissement des règles de distribution, la chute du réseau des marchands de journaux, la hausse continue des coûts de distribution, sans parler des tracasseries administratives qui n’en finissent jamais, m’ont amené à mettre Caraktère sous la protection de la loi en novembre 2024. Si la sortie du printemps 2025 s’annonçait difficile mais pas impossible, en revanche, les mois de juin, juillet et août ont été désastreux sur le plan des ventes de magazines, alors que les sommaires étaient bons. Certaines revues ont connu des baisses de plus de 20 % de leurs ventes ; du jamais vu en 22 ans de métier ! Nos livres ne sont plus achetés non plus, malgré le soin apporté à leur confection par toute l’équipe. Avec de moins en moins de clients, une entreprise ne pas peut pas survivre.

Avant que les habituels experts auto-proclamés ne se lancent dans des analyses fumantes, sans rien connaître à ce métier, sur « le pourquoi du comment de la fin de Caraktère », je tiens à vous encourager à soutenir les éditeurs restants, nos confrères, qui sont aussi dans une situation très compliquée. Car c’est toute la presse magazine indépendante française qui est en danger de disparaître.

Je voulais vous dire un grand merci, du fond du cœur, pour ces 22 années de passion commune. Rien n'aurait été possible sans vous tous. Cette aventure merveilleuse qu'aura été Caraktère, c'est la vôtre !

Je souhaite aussi m’excuser auprès de vous pour ne pas avoir été capable de redresser la situation. J’ai essayé de trouver des investisseurs, des repreneurs, mais beaucoup sont inquiets et ils ne souhaitent pas prendre de risques.

Je maintiendrai actives les pages Facebook pendant un certain temps pour répondre à vos questions et vous tenir informés de la procédure. Quant à moi, il ne me reste plus qu’à me « réfugier » chez la microscopique Overlord Press, et à réfléchir à ce que je peux faire ou pas. Allez savoir, on se retrouvera peut-être.

Merci,
Yannis Kadari
Fondateur (à jamais) des éditions Caraktère

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"le coup fatal aura été porté sur le front intérieur : le durcissement des règles de distribution, la chute du réseau des marchands de journaux, la hausse continue des coûts de distribution, sans parler des tracasseries administratives qui n’en finissent jamais,"

Cette fin est triste et regrettable mais elle s'explique.
Comme toujours le constat est juste (citation ci-dessus) mais incomplet.
Faire de bons produits (c'est le cas), ne suffit pas.
A quel moment les petits et moyens éditeurs ont-ils tenté de se rapprocher des marchands pour empêcher les grands éditeurs d'agir selon leurs intérêts immédiats à leur détriment ? Jamais !
C'était pourtant le seul moyen de sauver leur activité et la nôtre. et nous avions beau les solliciter, depuis des années, nos problèmes n'étaient pas les leurs. Pas encore...Jusqu'à ce qu'ils les entraînent eux aussi vers l'abîme.
La survie du réseau conditionne celle de ces éditeurs. Et elle reposait sur un changement de fonctionnement du secteur. L'arrêt des flux poussés et de la facturation préalable étaient incontournables. Leur remplacement par un système de commercialisation identique à tous les autres secteurs d'activité (achat/vente/reprise) et la facturation des exemplaires vendus étaient indispensables pour que les marchands survivent malgré la baisse des ventes.
En refusant de soutenir ce changement ces éditeurs ont creusé leur tombe.
Certains l'ont fait par peur de s'opposer aux grands éditeurs.
D'autre l'ont fait par ignorance. On peut parler dans ce cas d'un désengagement de la fonction commerciale. Ils s'en remettaient à un système établi qui les exonéraient de toute réflexion (et même les privaient d'informations leur permettant de comprendre). Et les alertes que nous pouvions lancer ne les troublaient pas... Extrêmement rares sont ceux qui ont compris qu'il était nécessaire de se préoccuper du sujet. Il fallait s'impliquer pour cela et aucun d'entre eux n'en avait envie. Beaucoup se disaient qu'ils avaient d'autres difficultés à traiter au quotidien et que la "distribution" n'était ni de leur compétence ni de leur responsabilité. Erreur fatale.

Maintenant il est trop tard. Les grands éditeurs ont à nouveau gagné, momentanément. L'Etat les accompagne, avec une petite action normative inconsistante et pénalisante mais certainement pas efficace et utile. La paupérisation du réseau va s'accélérer et avec elle la disparition des petits et moyens éditeurs;

Nous ne pouvons que regretter cette disparition, tous comme nos clients.

Si tu veux la paix, prépare la guerre.

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