Les éditeurs se plaignent de la baisse des ventes.
Il est vrai que tout le monde la constate.
Pour autant cette baisse n'est elle pas en partie la conséquence de la mauvaise exploitation du marché ?
Bien évidemment les éditeurs ne l'admettront pas mais ils ont une grande part de responsabilité dans la situation.
Comment en serait il autrement d'ailleurs puisqu'ils étaient les seuls aux commandes ?
La vérité est qu'ils n'ont pas su évoluer et adapter leur offre aux évolutions de la société.
ces grands donneurs de leçons, utilisateurs en quantité d'anglicismes, pour se donner des airs d'être à la pointe de l'innovation, n'ont jamais été en capacité de comprendre qu'ils se coupaient de leur clientèle. Pourquoi ?
Parce que la notion de client a changé alors qu'eux en sont restés à la définition romaine, ou au mieux, moyen-âgeuse. A l'époque romaine les "cliens" étaient des citoyens romains démunis qui se plaçaient sous la protection d'un patricien dans une relation de dépendance : protection et aide financière contre votes favorables aux intérêts du protecteur. Cette idée est toujours présente dans la notion actuelle de clientélisme. Au moyen-âge le terme client était encore synonyme de vassal. Mais depuis, après être tour à tour devenus "chalands" ou "la pratique du commerçant", les clients sont devenus ceux qui choisissent d'acheter et qu'il faut convaincre. Et les méthodes pour les convaincre ont considérablement évoluées ces dernières années sans que jamais nos fournisseurs qui se plaignent de leurs résultats, ne fassent le moindre effort pour s'adapter au changement.
Ils n'ont par exemple pas compris que RELAY est devenu une vitrine publicitaire pour les industriels. Le general manager France de DANONE WATER n'hésite pas à dire que la présence de ses produits chez RELAY est plus un enjeu de visibilité que de chiffre d'affaires.
Ils ont totalement négligé la transformation qui s'est opérée entre les années 50 et aujourd'hui. A l'époque, la publicité servait à séduire le client pour se démarquer de la concurrence. Mais depuis, la concurrence devenant plus importante, le démarquage nécessite plus d'efforts d'adaptation aux attentes du client, voire même d'anticiper sur ses besoins. C'est ainsi qu'est apparue l'économie de l'expérience dans laquelle l'expérience de consommation du client doit être prise en compte dans sa globalité (l'achat fait il sens, l'environnement de l'achat est il conforme aux aspirations, l'expérience d'achat est elle valorisante, ...). Rien n'a été fait en ce sens.
Pire encore, ils n'ont pas analysé l'impact du numérique sur les comportements et se sont contentés de proposer une offre numérique sans construire une offre globale, préférant orienter les clients par les prix vers le canal qui leur rapporterait le plus, immédiatement, que de coordonner l'ensemble et de tirer parti de l'association des différents canaux.
Bref ils ont été mauvais. Ou plutôt, ils ont agi à court terme sans prendre en considération l'impact de leurs actions sur le long terme. Comme d'habitude.
Le marché baissier n'est donc qu'une excuse. Comme l'était celle de l'impossibilité de payer correctement du fait des coûts d'exploitation alors que les économies potentielles étaient importantes mais obérées par leur intérêt individuel immédiat.
A quelque chose malheur est bon.
Ce retard accumulé laisse maintenant de grandes marges de manoeuvre pour progresser, sous la direction d'un régulateur indépendant.
Si tu veux la paix, prépare la guerre.