Combien de fois avons-nous entendu cette réponse stupide ?
Si les RD permettent de différer le règlement des fournis il ne faut pas oublier qu'ils reportent aussi le crédit des invendus.
Or si l'encaissement réalisé est moindre que le montant des invendus, ce qui est fréquemment le cas, le différé coûte de la trésorerie au marchand.
Mais ça n'a certainement pas d'importance pour ceux qui continuent à affirmer que les RD sont favorables aux marchands, n'est-ce pas ?
Le système de facturation des ventes, choisi par les éditeurs et les messageries qui travaillent pour eux n'est pas conçu pour être équilibré comme ils l'affirme haut et fort avec constance; Ou comme l'a répété Culture Presse pendant des années (Nous attendons aujourd'hui de savoir ce que va en dire la nouvelle direction de CP).
S'il ne leur était pas favorable, ces acteurs décideurs ne lutteraient pas contre son remplacement par un système plus simple (la facturation des ventes) qui ne nécessite qu'une écriture (facture) au lieu de deux (facture et crédit).
Si nous n'avancions pas de trésorerie (qui participe au financement du fonctionnement des messageries), personne ne verrait d'inconvénient à substituer la facturation des ventes à celle des fournis.
Le législateur l'a bien vu. C'était sa cinquième recommandation dans son rapport préparatif à la modification de la Loi en 2019. Du coup l'ARCEP avait tenté d'imposer en 2021, à minima (uniquement pour les marchands demandeurs), la facturation des ventes. Mais elle s'est heurtée à un mur et s'est vite retranchée derrière un argument fort discutable : les marchands ne seraient pas demandeurs. Ce qui est bien sûr faux puisque RELAY, par exemple, présent dans près de 40 pays faisait valoir que la France était le seul à ne pas avoir adopté la facturation des ventes et que l'enseigne la souhaitait.
Beaucoup croient encore que nous n'avançons pas de trésorerie et le justifient par le constat factuel que, lors des fermetures de compte, aucune partie ne doit rien ou presque à l'autre partie. C'est oublier que dans cette circonstance particulière, et uniquement dans celle-ci, les écritures à échéance les semaines suivantes sont intégrées par anticipation. Ce qui prouve d'autant plus clairement que sans cette anticipation nous devrions de l'argent et avec nous n'en devons plus. Cela signifie bien que nous avançons perpétuellement de la trésorerie et qu'il n'y a que lors de la clôture du compte qu'on nous la restitue.
Nous pouvons calculer cette avance. Mais c'est rendu très compliqué par la multiplicité des paramètres entrant en compte : les périodicités, les numéros spéciaux, le jour de livraison dans la semaine (qui conditionne le jour de rappel et par conséquent celui du crédit, reporté d'une semaine si le rappel à lieu en fin de semaine), le dimanche sans rappels (voire le samedi dans certains dépôts), les RD. Une machine à gaz complétée par les jours fériés, le non-respect des dates de relève ou leur report, la variation de la ventilation des volumes entre les périodicités (baisse des quotidiens, hausse des publications), etc. Toutes choses qui ne vont jamais dans notre sens.
Bref, il est préférable de ne pas rentrer dans ce détail et d'en rester aux fondamentaux :
- si la facturation des fournis était défavorable aux éditeurs et messageries elle serait abandonnée depuis longtemps,
- si nous n'avancions pas de trésorerie ces acteurs n'auraient pas d'intérêt à conserver ce système compliqué et coûteux qui n'existe que chez nous.
Nous devons, nous marchands, exiger l'application de la facturation des ventes.
Pour cela il faut que chacun d'entre nous envoie un courrier à l'ARCEP pour la réclamer pour son point de vente.
L'AADP espère que Culture Presse, dans sa configuration nouvelle, participera à cette demande.
Nous en reparlerons bientôt.
Si tu veux la paix, prépare la guerre.