Février 2025 ! Où en est-on de la réforme ? Quel est l'avenir auquel on peut s'attendre quand on est marchand de presse ? Deux questions auxquelles nous vous proposons nos réponses aujourd'hui.
Tout d'abord, comme vous l'avez peut-être vu sur notre page d'accueil, nous avons mis en ligne notre contribution concernant deux mesures proposées par l'ARCEP modifiant le système de rémunération. Nul doute que ces deux mesures soient entérinées rapidement. La majeure partie des commissions complémentaires sera dans un futur relativement proche payée au fil de l'eau au lieu d'attendre huit à 10 mois. Et les seuils d'atteinte des commissions complémentaires pour le chiffre d'affaire seront dorénavant calés sur l'évolution du marché au lieu de devenir chaque jour moins accessibles du fait de la baisse des ventes.
Nous verrons ce qu'il adviendra de notre suggestion de regrouper tous les produits qui nous sont livrés dans le chiffre d'affaire pris en compte pour l'attribution de ces commissions complémentaires.
Fin mars les éditeurs et leurs soutiens (SADP, messageries, dépositaires du SNDP, Culture Presse) soumettront à l'ARCEP leurs propositions pour la revalorisation de la rémunération. Dans leur optique il n'est pas question d'augmenter le montant des commissions versées mais uniquement, comme toujours, de favoriser les points de vente les plus vendeurs. L'ARCEP ne les laissera certainement pas faire et leur imposera de maintenir la rémunération des points de vente défavorisés. Un moindre mal mais qui ne résoudra pas le problème. Et ce d'autant moins qu'il faudra encore longtemps avant que les modifications prennent effet. Entretemps le marché aura continué à baisser.
La consigne actuelle est "laisser du temps au temps". Il est urgent de ne rien faire d'autre que de programmer des réflexions à échéance lointaine. D'ici là il n'y aura plus besoin de prendre des décisions. Et surtout ceux susceptibles d'en prendre aujourd'hui ne seront plus en charge du sujet. Rien n'aura avancé bien sûr (au contraire la situation se sera dégradée) mais il s'en seront bien sortis, sans prendre aucun risque pour leurs carrières. Et ils pourront s'enorgueillir d'avoir évité cet écueil sans conséquence (pour eux). Le Président Queuille apprécierait cette "efficacité" qui consiste à laisser les problèmes disparaître d'eux-mêmes. Quand il n'y aura plus de presse imprimée ni de marchands il n'y aura plus de problème.
C'est pourquoi se poursuit la réduction du nombre de points de vente et du rayonnage dans les magasins. Celle-ci accompagne la baisse des ventes, en l'accélérant. Cela peine les éditeurs mais pas au point d'envisager de changer de posture. Après tout, c'est certainement regrettable, mais pas non plus incontournable. Sauf pour les marchands.
Bref, rien à attendre ni du côté des éditeurs (on avait l'habitude), ni du côté de l'Etat (en tous cas actuellement). Les premiers comme le second aimeraient pourtant bien que les marchands continuent. Et ils sont même prêts à les conseiller pour ça : "ils faut que les marchands se diversifient" disent-ils. Ce qui signifie "nous on ne peut (ou on ne veut) rien faire pour eux mais on aimerait bien qu'ils continuent à vendre nos produits longtemps car c'est important pour notre rentabilité". Sympathiques partenaires.
Comme il se doit l'AADP a été exclue par les acteurs historiques, trop contents de s'entendre entre eux, des ateliers de réflexion sur la rémunération. Notez que l'ARCEP avait appelé à des négociations et non à des ateliers de réflexion. La différence est de taille. L'option retenue a été de choisir des cosignataires en fonction de leur allégeance, quitte à leur lâcher quelques intérêts, pris sur le dos des marchands (formation obligatoire, cautionnement). Il ne s'agit nullement de négociations avec des opposants prêts à défendre les droits des marchands. Ceux-là sont volontairement ignorés.
Cependant, il y a loin de la coupe aux lèvres. Entre les souhaits que vont exprimer ces "partenaires" et la validation de ceux-ci par le régulateur, il se passera obligatoirement une phase de communication et d'étude sous l'égide du régulateur (L'ARCEP). Cela donnera l'occasion à l'AADP de dénoncer les ententes et les errements du projet soumis à l'approbation. Et, comme dans le cas de l'assortiment, l'ARCEP tranchera, avec l'efficacité que l'on a pu constater. Ou ne tranchera pas, laissant le système se détruire lui-même.
Rien de bien réjouissant là-dedans. Le temps s'écoule et rien ne change. Le modèle n'a pas été remis en question, malgré le changement dans la Loi, parce que les éditeurs et ceux qui leurs sont soumis s'y refusent. Et tant qu'il y aura des marchands pour accepter de continuer, cela continuera.
Face à cette situation l'AADP ne peut qu'inciter les marchands à changer d'activité.
Nous continuerons, à limiter, autant que possible, l'action des prédateurs à l'encontre des marchands. L'introduction de nouvelles obligations coûteuses pour les marchands dans le "nouveau contrat" en est un exemple frappant. Ce contrat que certains tentent d'imposer en remplacement de l'ancien, introduit de nouvelles obligations coûteuses pour les marchands, sans aucune contrepartie. Il faudrait maintenant accepter de payer un cautionnement financier pour le stock et des formations à répétition. Qui bénéficierait de ces modifications ? Les rédacteurs de ce nouveau contrat. Qui en ferait les frais ? Les marchands. C'est maintenant à l'ARCEP de trancher, si elle ne ferme pas les yeux. Nous vous tiendrons informés.
Si tu veux la paix, prépare la guerre.